Rôle des pharmacies dans les soins médicaux de base
Un accès facile à la prévention et au traitement des maladies fréquentes
Le réseau dense de pharmacies garantit à la population des milieux urbains et ruraux une offre de soins primaires de proximité d’accès rapide, de proximité et économique. Ce réseau et les compétences spécialisées de leurs équipes font des pharmacies un premier point de contact aisément accessible pour toutes les questions ayant trait à la santé contribuant ainsi à décharger les urgences et les cabinets médicaux des cas bénins qui n’ont pas forcément besoin d’un médecin.
La révision de la loi sur les produits thérapeutiques (LPTh) et de la loi sur les professions médicales (LPMéd) a déjà permis de concrétiser d’importantes mesures pour faciliter le traitement des maladies fréquentes en pharmacie et l’accès à des prestations de prévention, comme la vaccination en pharmacie. Les équipes officinales conseillent, accompagnent et traitent rapidement et de manière compétente. Les patients n’ont pas forcément besoin d’une ordonnance médicale, car les pharmacien·ne·s sont autorisés à délivrer, sous leur propre responsabilité, certains médicaments soumis à ordonnance. Les prestations de santé proposées par les pharmacies — de la prévention à la consultation — restent méconnues et sous-utilisées, notamment en raison du fait que la plupart d’entre elles doivent être payées par les clients eux-mêmes et ne sont pas prises en charge par l’assurance obligatoire des soins (AOS).
Tirer parti d’un potentiel inexploité
Le potentiel des pharmaciens dans la promotion de la qualité et de l’efficacité du système de santé n’est pas pleinement exploité. Professionnels de la santé reconnus, ils jouent un rôle crucial dans la prévention, la gestion des maladies chroniques et la promotion de l’adhésion thérapeutique. Lors de la dernière session de printemps, le Parlement a adopté dans le cadre de la révision de la LAMal le deuxième volet de mesures visant à maîtriser les coûts. Une grande chance pour exploiter enfin l’intégralité du potentiel des pharmaciens !
Grâce à cette révision de la loi, les pharmaciens pourront fournir de manière indépendante davantage de prestations qui contribuent à réduire les coûts et sont prises en charge par l’assurance obligatoire des soins (AOS).
Concrètement, les prestations pharmaceutiques fournies dans le cadre de l’optimisation du traitement médicamenteux et de l’observance thérapeutique, indépendamment de la remise de médicaments (art. 25, al. 2, let. h LAMal) seront désormais prises en charge par l’AOS. Ces prestations devront être fournies en collaboration interprofessionnelle avec le médecin traitant ou dans le cadre de réseaux de prise en charge. Pour que l’optimisation des traitements et l’encouragement de l’observance thérapeutique (adhésion) puissent être facturées à l’AOS, il faut dans un premier temps prouver que les nouvelles prestations sont efficaces, adéquates et économiques (critères EAE):
Prestations destinées à améliorer l’observance thérapeutique (adhésion)
Depuis 2023 déjà, la Société Suisse des Pharmaciens mène une étude sur la nouvelle prestation myCare Start, qui vise à encourager l’observance thérapeutique (adhésion) en début de traitement d’une pathologie chronique. Le mise en œuvre se fait en étroite collaboration interprofessionnelle avec les médecins prescripteurs. Toutefois, il n’a à ce jour pas été possible de recruter assez de patients dans les 170 pharmacies pilotes pour collecter suffisamment de données permettant de remplir les critères EAE. La phase 2 de l’étude commencera à l’été 2025, et elle devrait se terminer fin 2026. Pour en savoir plus: myCare Start pour le quotidien officinal.
Prestations destinées à optimiser le traitement
Parallèlement à myCare Start, la Société Suisse des Pharmaciens pharmaSuisse a mis en place un autre projet important: celui-ci a pour but de développer une nouvelle prestation qui permettra aux pharmaciens non seulement d’assurer le dépistage des patients souffrant d’hypertension artérielle, mais aussi, en collaboration interprofessionnelle avec les médecins de famille, d’adapter le traitement de ces patients et de les suivre au moyen d’une optimisation thérapeutique.
Doivent en outre être incluses dans le contexte de l’optimisation thérapeutique les prestations d’analyse en lien avec les médicaments prescrits par le médecin ainsi que des analyses de médication (medication review) ou la conciliation médicamenteuse dans le contexte des transmissions qui ont lieu au sein du système de santé, p. ex. lors de l’hospitalisation d’un patient, de son changement de service ou de sa sortie de l’hôpital (medication reconciliation), à condition que toutes ces prestations soient fournies dans le cadre d’une collaboration interprofessionnelle.
Seront par ailleurs également prises en charge à l’avenir les prestations fournies par les pharmaciens dans le cadre des programmes de prévention nationaux ou cantonaux – sans prescription médicale (art. 26 LaMal):
Programme national de prévention: vaccination (acte de vaccination et vaccin)
La stratégie nationale de vaccination est un programme national de prévention qui couvre toutes les vaccinations recommandées par le plan de vaccination suisse. La modification de la LAMal permet désormais la prise en charge du coût de la prestation pharmaceutique « vaccination » (acte de vaccination et vaccin) conformément au plan de vaccination suisse, mais elle ne règle pas l’autorisation accordées aux pharmacies. Jusqu’à présent, c’est la législation cantonale qui détermine si des vaccins peuvent être administrés en pharmacie et lesquels (cf. vaccinations autorisées en pharmacie par canton).
Programmes de prévention cantonaux: vaccination contre le HPV et dépistage du cancer colorectal
La prise en charge des prestations pharmaceutiques dans le cadre des programmes cantonaux de prévention du HPV et des programmes cantonaux de dépistage du cancer colorectal supprime l’obstacle à l’implication des pharmacies dans les programmes existants ou nouveaux. L’implication des pharmacies dans le cadre des programmes cantonaux de dépistage du cancer colorectal ne doit toutefois pas se limiter à la distribution logistique de kits de test. Les programmes devraient au contraire, compte tenu du profil de compétences des pharmaciens, prévoir une participation complète de ceux-ci, y compris le conseil et le suivi des patients dès que ces derniers reçoivent les résultats de leur test.
La modification de la loi, qui devrait entrer en vigueur en janvier 2027, permettra aux pharmaciens de contribuer encore davantage à la prévention, à la qualité des soins et à la maîtrise des coûts de la santé. La plus-value dépasse de loin la remise de médicaments avec les conseils allant de pair: les pharmaciens sont de véritables partenaires au sein d’un système de santé durable et centré sur le patient.

Les pharmacies et l’Agenda soins de base 2040
L’Agenda Santé 2040, élaboré par le Département fédéral de l’intérieur, met en lumière la nécessité d’un système de santé durable, accessible et financièrement viable. Les pharmacies occupent une place stratégique au cœur des soins de premier recours. Elles peuvent non seulement répondre aux attentes des patients, mais aussi réduire les pressions sur d’autres secteurs du système de santé, notamment les hôpitaux et cabinets médicaux, et contribuer à la maîtrise des coûts. Cela implique une collaboration interprofessionnelle accrue avec d’autres professionnels de santé et des réformes permettant de mieux exploiter le potentiel des pharmacies dans une logique de santé publique.
La Société Suisse des Pharmaciens pharmaSuisse s’engage depuis des années pour élargir et développer le rôle des pharmacies et des équipes officinales dans les soins médicaux de premier recours et le faire connaître auprès de la population. Elle entend poursuivre cet engagement qui s’inscrit parfaitement dans la vision Soins de base 2040.